[cours N°1] Et si on jouait?

Rond. Non, il n'y avait rien de rond dans cette pièce. Ah si, dans la partie souvent vide, il y avait deux piliers tout ronds. Deux beaux piliers faits l'un d'or et l'autre d'argent. Le rêve de tout mineur, et pourtant personne n'osait creuser, voler ces piliers, tout simplement parce qu'ils étaient attachés non seulement au sol mais aussi au plafond. Il n'y avait encore personne dans cette salle. Personne de vivant, excepté trois fourmis et deux araignées qui avaient pris ce lieu comme habitat, avant que Ryugi ne vienne s'installer dans cette école, dans cette classe. Personne d'autre que Ryugi.

Pi. On sentait grance à la fenêtre ouverte le doux parfum de l'herbe fraichement arrosée par la rosée du matin. Le soleil brillait à travers l'une des multiples fenêtres qui composaient la salle. Le soleil brillait de toutes ses forces, sans un seul nuage à l'horizon. Un temps idéal, magnifique, et toute personne normalement constituée rêverait d'aller dehors, en cette belle matinée, afin de s'allonger sur l'herbe à admirer le soleil se lever. Une heure aussi idéale pour roupiller, quel élève ne voudrait pas rester dans son lit à faire la grasse matinée? Tout cela pour dire simplement qu'il n'y avait encore aucun élève. Seulement un professeur. Un professeur bien particulier.

Rond. Mais que veulent dire ces deux mots? Rond. Pi. Rond. Pi. Car aux piliers, qui servaient un peu de porte manteau, il y avait un hamac accroché, balançant légèrement au gré du vent qui s'egouffrait par les fenêtres ouvertes. Un son étrange émanait de cet Hamac. Car en effet, le professeur Silver dormait, allongé là pour la simple bonne raison qu'il ne connaissait pas encore bien cette école. Il s'était perdu en cherchant sa chambre, et voulait dormir, alors le jeune homme n'avait pas d'autre choix que de créer un filet. Il dormait profondément encore, alors que son cours allait commencer dans 20 minutes, et qu'il n'avait encore rien préparé... Ce n'était pas bien, mais de toute façon, Ryugi avait toujours improvisé... Et là il dormait. Il rêvait d'un monde meilleur...

Solène, qui prenait toujours son temps pour aller en cours, avait remarqué qu'il y avait une salle qui venait d'être construite. Elle caressait distraitement dans son sac, perdue dans ses réflexions.

*J'entre ou je n'entre pas? J'aimerai bien savoir ce qui se cache...*

Elle avança un peu plus et se rendit compte que la porte était ouverte. Elle lut l'écriteau. Le nom du cours attisa sa curiosité. Elle entra dans la salle et s'arrêta net en voyant le professeur sur le hamac. Elle accourut vers lui, lui prit une main, la secoua et lui parla doucement en même temps:

"Monsieur? Vous allez bien? Réveillez-vous ou serrez ma main si vous m'entendez. Les autres élèves vont bientôt arriver!"

Elle regardait attentivement si le professeur allait réagir. Elle se rongea la lèvre infèrieure qui était gercée. Que pouvait-elle bien faire d'autre? Sa tante était pompier chez les humains et elle lui avait appris les premiers gestes.
Solène pencha sa joue sur le visage du professeur en regardant les mouvements du diaphragme. Elle sentait sa respiration et son ventre semblait se soulever et se baisser régulièrement. C'était bon signe. Elle tâta ensuite son pouls sur le poignet et il semblait régulier aussi. La jeune fille insista en parlant un peu plus fermement:

"Monsieur! Vous dormez! Votre cours commence!"

Solène l'observa; cherchant une queconque réaction. Une mèche de cheveux de la jeune fille aurait du lui chatouiller le nez; mais le temps qu'il émerge...

Qu’est-ce qu’il avait plu cette nuit! Bien que le soleil plombait présentement sur l’école, le sol de la cours était trempée de pluie fraîche qui illuminait doucement sous les rayons. Et bien sur, comme à son habitude, Amily était allé faire un tour dehors avant ses premiers cours, accompagnée de Crystale, de Yowaki, d’Akai Hane et de Amaëk. C’est donc le bas de sa robe trempée et avec l’océan Atlantique dans ses deux pauvres souliers noirs qu’Amily réentra dans Mélusina, en regardant l’horloge.

Il lui restait encore un bon 20 minutes avant son cours d’Alchimie Métallique, un nouveau cours s’étant ajouter à l’horaire depuis quelques jours seulement, ce qui lui permettrait d’aller se changer avant. Alchimie Métallique… La Primera n’aimait pas tellement ses mots… Cela semblait plutôt dangereux… Même très dangereux.

Après avoir enfiler des vêtements secs et avoir dit à ses 4 amis à poils et à plumes de rester sage en son absence – ce qu’elle se doutait bien que deux d’entre eux ne feraient pas – elle se dirigea vers son cours, située une étage plus haute que sa salle commune. La jeune préfète marchait d’un pas tranquille, pas très pressée d’arrivée au cours. Malheureusement pour elle, le temps passa très rapidement et elle fut bientôt devant la porte, qu’elle ouvrit timidement dans un grincement sonore.

Wow! Elle n’avait jamais vu de salle comme celle-ci dans l’école! Les deux piliers dressés au fond de la pièce attirèrent comme un aimant l’attention de la jeune fille. Ils devaient valoir une fortune! C’était magnifique! Elle descendit lentement ses yeux le long des piliers, l’un d’argent et l’autre d’or, avant d’apercevoir une élève de Férovia, Solène, qu’elle avait déjà vu quelques fois en cours, penchée sur quelques choses… Ou peut-être quelqu’un. Un peu trop timide pour demander ce qui se passait, elle se dirigea simplement vers un bureau un peu au fond, ce qui lui permit de voir un visage endormi. Celui-ci d’un homme adulte… Le professeur?! Elle n’allait certainement pas tarder à le savoir.

Solène avait entendu le grincement de la porte et s'était retournée. C'était Amily. La jeune fille soupira d'aise avant de lui adresser la parole:

"Ouf! Tu tombes bien! Le prof dort et j'essaie de le réveiller. Je ne sais plus quoi faire. A part provoquer un incendie dans la classe! Non! Ce serait trop dangereux! Et je ne serai pas capable de le faire! Et hurler, c'est trop sauvage et il pourrait faire une crise cardiaque."

La Férovia se retourna vers le professeur et lui secoua l'épaule plus fort en lui disant plus fort et sèchement:

"Monsieur! Le cours commence! On est deux et on va bientôt être cinq ou dix élèves! Je n'ai pas le choix! Je vais demander à Amily d'aller chercher l'infirmière pour qu'elle vous fasse une piqûre! Je suis sûre que vous détestez ça!"

Solène le secoua encore plus fort puis se tourna vers Amily:

"C'est pour lui faire peur. On verra bien. En attendant, si tu as une idée, elle sera la bienvenue."

Mary bailla. Elle n'avait pas beaucoup dormi cette nuit, encore moins que les précédentes, et elle avait passé pratiquement toute la soirée à traîner dehors, dans les collines sombres sous le ciel nocturne. C'était devenu une habitude pour elle, même si elle devait en payer les conséquences par des cernes immenses chaque matin et par une fâcheuse habitude à dormir en plein milieu de la journée.
Quelle poisse ! Et dire qu'elle avait promit de ne pas sécher les cours, cette fois-ci. Il fallait qu'elle trouve rapidement un cours auquel assister, malheureusement, ils avaient tous déjà commencé. La jeune fille râla un peu, agacée, et finit par trouver un nom au bas de la liste annonçant les cours de la journée : Alchimie Métallique. Qu'est-ce que c'était que ça ? Elle n'en savait rien. Mais autant y aller. De toute façon, elle n'avait pas le choix. C'était tout près, juste au deuxième étage, et elle n'avait que peu de chances de se perdre dans l'immense chateau. Du moins, elle espérait ne pas arriver en retard. Pour une fois, elle ne tenait pas vraiment à se faire remarquer.

Le professeur dormait. Ce n'était pas une blague. Il somnolait tranquillement, allongé dans un hamac sur lequel deux jeunes filles s'étaient penchées, inquiètes et amusées à la fois. Mary, d'abord exaspérée par ce manque de zèle, finit par éclater de rire, provoquant un vif sursaut chez les deux personnes déjà présentes dans la petite salle de cours. Un professeur qui dormait alors qu'il avait cours ! C'était ridicule. On avait jamais vu ça. Décidément, cette école était vraiment spéciale. A moins que ce professeur ne soit pas très compétent. Oh, ça devait être un peu des deux.

Mary continua à rire, plus discrètement cette fois, en attendant que le professeur se réveille. Elle ne prit même pas la peine de s'avancer, et jeta un petit coup d'oeil aux deux filles. Jamais vu ici. Elles avaient un air gentillet, c'était touchant...Mais pas tellement en fait. Pourquoi voulaient-elles aider ce prof ? Peut-être avaient-elles une folle envie d'assister à son cours...Et puis, après tout, Mary, elle s'en fichait. Elle avait trouvé un peu d'amusement dans une journée en apparence morne et banale.

La jeune fille posa son sac sur une table, et regarda ce qui allait se passer.

Même les êtres les plus étranges savaient rêver. La preuve, Ryugi était plongé dans un magnifique rêve enchanté, au bord d'une cascade par une belle journée d'été, sentant une chaleur tiède lui lécher le visage, assis sur l'herbe légèrement mouillée, Ryugi rêvait tout simplement qu'il pique-niquait en compagnie d'oiseaux et de lapins. Il mangeait des concombrettes à la crême... Oui faites pas attention à ce qu'il mange, c'est très étrange parfois. Concombrettes à la fraisette, concombrettes à la poirette... Ryugi aimait un peu tout manger et c'était tant mieux pour lui. Un magnifique rêve sans encombres, sans nuages à l'horizon. Et pourtant, cela n'allait pas durer. Quel dommage. Car en effet, le vent commençait à se rafraichir et à souffler de plus en plus fort. Les nuages apparurent et assombrirent le ciel. Le vent se fit de plus en plus fort, tel une tempête, puis une tornade se leva, balayant tout sur son passage. Les arbres, l'eau, Ryugi était fortement secoué, mais sa constitution lui permettait de s'aggripper au sol, étant assez lourd de nature. Cherchant la nature de cette tornade apparue tout à coup, Ryugi entendit un rire étrange, un éclat de rire. Mais bon, cela suffit à le réveiller.

Le jeune professeur se leva en sursaut, manquant de peu l'élève qui était penchée sur lui. Ce qui causa de la surprise et peut être même de la frayeur avec un peu de chance. Cheveux en bataille, yeux à moitié levés, même filet de bave qui coulait de sa bouche. C'est ça, dormir avec la bouche ouverte. Ryugi n'était pas bien réveillé, c'est pourquoi il se donna une claque, qui résonna dans toute la salle. C'était efficace, ça réveille, et ça laisse une grosse marque sur la joue. On aurait dit qu'il venait d'avoir un échec amoureux et que l dame était manifestement mécontente. Puis il se passa la main devant le visage, tel un scanner, et au fur et à mesure que sa main montait doucement, les cernes disparurent, les cheveux se coiffèrent seuls, voila un professeur tout à fait réveillé, comme s'il était réveillé depuis une bonne petite heure.

"Désolé. J'ai du m'assoupir quelques secondes..."

Quelques secondes... C'était légèrement plus que quelques secondes. Ryugi voulut vérifier en regardant sa montre, retroussant la manche gauche avec sa main droite. Il porta son poignet au niveau de ses yeux, lisant attentivent l'heure qui y était affichée. Et pourtant, il ne voyait rien. Curieux, sa montre était cassée? Ryugi porta sa main à son oreille pour voir s'il entendait un tic tac. Mais non. Secouant son bras pour voir si cela remettrait a montre en marche, ses efforts furent vains, car le pauvre Ryugi n'entendait rien. Il regarda une nouvelle fois son poignet... Avant de se rendre compte que sa montre était attachée à son poignet droit au lieu de son poignet gauche. Oups.

"Bon, ben... Le cours va apparemment commencer dans cinq minuaaaaaaaaaaaaa!"

Ryugi voulait faire un pas, mais le jeune professeur s'était pris les pieds dans son hamac et était donc tombé par terre. C'est pas la faute à Voltaire, c'est la faute à manque de bol parce qu'il avait oublié qu'il ne dormait pas sur un lit mais sur un filet. Résultat, une chute tête la première et Ryugi gardait la face écrasée contre le sol. Essayant de se relever, Ryugi se rendit compte que son pied était bien accroché au hamac. Il essaya de se dégager, en secouant par la pensée le hamac dans tous les sens, et eut l'idée de faire disparaître totalement le filet de métal. Or, il l'avait soulevé un peu haut, ce qui eut pour résultat de lui faire faire une nouvelle chute assez acrobatique. Il paraissait vraiment incompétent... Et c'était aussi ce qu'il cherchait. Ce ne serait pas drôle sinon. Cinq minutes avant le début du cours.

"Ca va, ça va, j'vais bien, j'vais bien..."

Il y a peu de temps, Vayuhq s'ennuyait à n'avoir rien d'autre à faire que de la théorie. À quoi ça servait de leur apprendre plein de truc qu'ils pourraient effectuer si on ne leur laissait pas l'occasion de se pratiquer en temps et lieux? Le seul cours à date où il avait fait quelque chose était celui de maîtrise magique, et encore là, le prof était plutôt menaçant et du genre à celui dont on devait se méfier. Mais plus tôt dans la semaine, un nouveau cours dans l'horaire: Alchimie Métallique. Cela semblait intéressant, et le jeune homme espérait y trouver un prof motivé et qui leur fasse faire du pratique. Il arriva donc ce matin là en classe avec une certaine motivation au travail.

Mais celle-ci fut de courte durée. Lorsqu'il entra, l'hybride aperçut trois élèves déjà présents, toute des filles. À croire que le nouveau cours était moins intéressant pour les gars qu'il ne l'aurait cru, ou c'était simplement que ces derniers étaient plus paresseux. Ou encore c'était une manigance ou un complot qu'il se retrouve toujours en classe avec seulement des gens du sexe opposé. Enfin peu importe, laissons là de côté les protestations. Ce ne fut pas le fait d'être encore le seul représentant de la gent masculine en classe qui lui fit perdre son petit entrain. Plutôt le fait de retrouver le professeur assoupi dans un hamac. Solène tentait en vain de le réveiller, Amily elle la regardait faire sans trop savoir quoi faire. Vayuhq remarqua la troisième des filles qui s'était assise, regardant simplement ce qui se passait. Il vint s'asseoir au bureau à côté d'elle. Mieux valait ne pas essayer d'aller tirer l'enseignant de son sommeil.

"C'était comme ça quand tu es arrivé?" demanda-t-il en se penchant légèrement vers la jeune fille.

C'était d'ailleurs la première fois qu'il la voyait. Pourtant elle ne devait pas être nouvelle. Sa voisine de bureau n,eut cependant pas le temps de lui répondre que le prof se réveillait. Il reporta son regard sur celui-ci. Il avait l'air... bizarre. Du genre qu'il ne semblait pas vraiment savoir ce qu'il faisait ou ce qu'il était sensé faire. Il annonça que le cours commençait dans cinq minutes, avant de s'empêtrer dans son hamac et de faire une superbe chute. Vayuhq en resta quelque peu interdit, bien qu'il trouvait que cela donnait au prof un air un peu pas professionnel... et que ça devait peut-être lui donner la honte. Il tenta de se relever, ainsi que de dépêtrer son pied, mais il n'en résulta qu'une autre réalisation acrobatique.

Super, le cours commençait bien...

Le professeur venait de se sortir péniblement d'un long et paisible sommeil. Il avait l'air fatigué, et totalement dépassé par les évènements. Il rosit légèrement en se rendant compte que plusieurs élèves l'avaient vu en train de dormir tranquillement, couché dans un hamac, en plein milieu de la salle de cours.
Mais visiblement, cela ne le gênait pas plus que cela, et il se hâta de rattraper cette première impression en annonçant le début du cours. Malheureusement pour lui, il trébucha sur le hamac auquel son pied était attaché et tomba violemment par terre, d'une façon plutôt ridicule.
C'était vraiment une situation particulière, et Mary se demanda comment pouvait-on être aussi maladroit et aussi peu attentif à ses geste alors qu'on était en présence de ses élèves. C'était un mystère, mais toujours est-il que cela l'amusa beaucoup, par pure méchanceté, bien évidemment. Elle trouva à la chose un aspect très drôle, et esquissa à nouveau un sourire ironique en contemplant son professeur d'alchimie métallique, affalé par terre, et assurant que tout allait parfaitement bien pour lui.
La jeune fille se retint toutefois de lui rire au nez, par simple politesse, mais s'il eu été quelqu'autre que son supérieur, elle ne se serait certainement pas gêné.
C'est alors qu'elle remarqua le garçon qui venait d'entrer, et qui était venu s'assoir à côté d'elle. Il avait une tignasse argentée en bataille qui lui donnait un certain charme, et ses deux étaient de couleurs différentes. Jamais Mary n'avait vu un pareil jeune homme ; et ce physique si original le rendait particulier, intéressant. En temps normal, la petite brune lui aurait répliqué d'un ton venimeux et méchant, mais elle n'en avait pas le coeur ; dans l'espoir qu'il soit différent, et dans le comique de la situation, elle ne put que lui répondre d'une voix amusée et sarcastique :

- Ouais, ce pauvre professeur ronflait déjà bruyamment depuis quelques minutes. Il cumule...En plus, je ne pense pas qu'il le fasse exprès...

Elle avait parlé plutôt doucement, pour ne pas se faire entendre du professeur, et elle le regarda se relever, un peu honteux. Elle lui adressa un sourire désolé et à peine moqueur. Et dire qu'il était nouveau ici, cela commençait plutôt mal pour lui.
Mary soupira légèrement, et regarda vers la fenêtre. La journée était superbe à l'extérieur, et le soleil brillait. Encore une de ces journées désagréables où on ne peut pas faire trois pas sans mourir de chaud et avoir de profondes envies de meurtres. Heureusement, il faisait encore un peu frais dans la salle de cours, et Mary put profiter des derniers instants qu'il lui restait avec de succomber à une chaleur insupportable.
Elle oublia un moment qu'elle était en cours, et se laissa aller à ses pensées, mais un bruit la ramena bien vite à la réalité.

[ HJ : Toujours pas d'inspiration, je n'ai fait que reprendre les post précédents et la description physique de Vayuhq XD ]

Solène soupira bruyamment quand le professeur se leva. Elle s'était écartée quand il se mit debout pour lui laisser de la place. Sa dernière réflexion fit réagir la jeune fille:

"Quelques secondes! Ca faisait dix minutes que j'essayais de vous réveiller! Si vous étiez si fatigué, pourquoi n'avez-vous pas pris votre temps pour vous installer et prendre vos repères? On ne vous en aurait pas voulu... Et je ne me serai pas inquiétée de savoir si je devais aller chercher l'infirmière ou non!..."

Solène prit conscience du ton qu'elle utilisait et à qui elle parlait. Son impétuosité la rattrapait. Ca faisait longtemps. Elle parla plus calmement, confuse:

"Je... Je suis désolée, monsieur. Je n'aurai pas du vous parler de cette manière... J'étais la première arrivée et je n'arrivais pas à vous réveiller. J'étais plus stressée qu'en colère. Je vous demande pardon."

Arya entra en classe alors que Solène était en train de crier sur quelqu'un.

"Quelques secondes! Ca faisait dix minutes que j'essayais de vous réveiller! Si vous étiez si fatigué, pourquoi n'avez-vous pas pris votre temps pour vous installer et prendre vos repères? On ne vous en aurait pas voulu... Et je ne me serai pas inquiétée de savoir si je devais aller chercher l'infirmière ou non!..."

Elle le regarda et se demanda qui cela pouvait bien être. Elle ne l'avait encore vu dans aucun de ses cours... c'était peut-être un nouveau. Il semblait bien plus âgé que les autres élèves présents en classe. Solène s'excusa alors et Arya compris que l'inconnu était, en réalité, son professeur d' Alchimie Métallique. Elle se sentit honteuse et alla rapidement s'asseoir à une table en fond de classe.Elle sortit ses affaires de son sac et les déposa sur son bureau. Elle se dit qu'il valait mieux ne pas se faire remarquer... Elle ne voulait pas se faire punir une nouvelle fois par l'un de ses enseignants.

[HJ : Tout vient à point qui sait attendre, mais je crois que tout est déja venu à point...]

Oh! Le soleil! Ryugi vit le soleil briller par une de ses fenêtres. Le jeune homme en déduisit à peu près qu'il valait mieux commencer, pour pouvoir plus vite finir. Mais apparemment, une de ses élèves était trop inquiète pour lui, beaucoup trop inquiète, cela ressemblait un peu plus à de la colère. Tout cela pour une petite sieste de quelques secondes. Ou plutot, quelques centaines de secondes. Voire plus. Mais cela reste une affaire de secondes, il suffisait de diviser par 60 pour que l'affaire devienne en minutes. Tout cela pour dire que Ryugi souriait et se releva, écoutant parler son élève, qui sembla se rendre compte qu'elle parlait à un professeur. Celui-ci se contenta de sourire, d'aller derrière son bureau et de s'asseoir... Pouf. Mais qui a déplacé la chaise? Ryugi tomba par terre, et chercha des yeux où sa chaise était allée. Ah oui, elle avait été transformée en hamac tout à l'heure, et Ryugi avait fait disparaître le hamac. Il fallait qu'il se crée une nouvelle chaise. Moins académique, avec plus de volupté. Une barre métallique sembla couler de ses doigts tel un petit filet d'eau, barre qui se déforma pour faire une jolie chaise de titane faite de deux spirales. Il avait un sens très particulier de l'esthétisme... La cloche sonna alors. Ryugi s'exprima d'une voix un peu plus forte, qui résonna dans toute la pièce.

"Bon, il est temps de commencer. Mon nom est Ryugi Silver, pingouin du Sahara amateur de concombrettes aux fraises, mais étant professeur, vous êtes censé me respecter. C'est pourquoi vous devrez m'appeler Ryugi, ou si vous voulez me donner un surnom, faites. Mais je ne veux surtout pas que vous m'appeliez professeur ou monsieur ni que vous me vouvoyiez sous peine de sanction. Compris?

Sinon, d'après les directives administratives que le directeur m'avait passé, le cours doit se faire sans bavardages. C'est pourquoi si à la fin du cours il y a eu moins de 99 bavardages, il pourra y avoir une sanction. N'hésitez pas à faire du zèle et à dépasser les 101 si vous voulez.

Enfin, pour ce qui est des retards, je tolèrerai les retards et les absences à condition que la raison soit valable. Je n'accepterai pas les "Un professeur m'a appelé", mais j'accepterai bien les "Je me suis fait enlever par des extra-terrestres". Et si vous avez loupé une partie trop grosse du cours, je vous autorise à dormir en attendant, je referai un cours particulier rien que pour vous."

Oui bon, Ryugi n'avait pas pris le temps de lire les directives administratives qu'il avait reçues, n'ayant que saisi les mots clés, et les ayant apparement mal comprises. Mais bon, c'était son style, c'était un peu ce qui le rendait unique... Car n'ayant jamais eu de professeur, lui ne savait pas vraiment comment se comporter.

"Hé bien, à votre tour à présent. Présentez vous, dites moi ce que vous aimez..."

Solène fut décontenancée par la tirade du professeur.

*Trop étrange le prof! Bon!Qu'est-ce que j'aime? Qu'est-ce que je déteste? En tous cas, je déteste plus de choses que je n'en adore! Réfléchissons... Bon! je crois que je sais à peu près... Il faut que je réorganise mes idées... Ca doit y être! Mais... Non! Mais si! Après tout! Je suis la première arrivée! C'est à moi de parler la première! C'est parti!*

Solène se racla la gorge avant de prendre la parole. Sa voix était sûre:

"Je m'appelle Solène Crystali et je suis en première année dans la maison Férovia. J'aime mes amis d'enfance et les animaux; la poésie, le rock, les fruits, la campagne, les grandes étendues sauvages. Je déteste le caramel, la trahison, l'injustice, le mensonge, la mauvaise foi, la salade, être obligée de me dépêcher le matin. C'est tout."

Le professeur commença sa tirade, un long enchevêtrement de mots, balancés les uns à la suite des autres dans un fouilli qu'il semblait avoir murement réfléchi auparavant de le réciter comme une devise, comme une plaisanterie. Qu'était-ce d'autre qu'une fort vulgaire plaisanterie ? Mary s'assit sur sa chaise et le fixa profondément, buvant ses paroles avec un faux air blasé. Elle n'était pas aussi sûre d'elle qu'elle n'en avait l'air. Au fond, ce n'était qu'un être humain qui avait prouvé qu'il existait de façon explicite et douloureuse. Mais personne ne semblait s'en rendre compte, trop illusionné par les différences de races et de sang que possédaient les élèves de cette école. Etait-il sérieux ? Pensait-il vraiment amadouer les élèves de cette façon ? Si c'était le cas, il avait réussi : ces imbéciles heureux se réjouissaient de l'excentricité du professeur et une férovia entamait déjà sa présentation. La chose prenait plutôt bien, et les autres ne tarderaient certainement pas à rejoindre Solène en montrant l'exemple. Mais dans ces autres-là, Mary ne se comptait pas. Elle n'allait pas se prendre au jeu, et avait bien envie de s'amuser avec ce nouvel enseignant, mais pas de la même manière que les autres. Le terme d'amusement était quelque chose de personnel, et ils ne le voyaient certainement pas de la même façon qu'elle.
Mary attendait, patiemment, que quelqu'un d'autre se dévoue, tout en espérant que les yeux perçants de celui qui insistait pour qu'on l'appelle Ryugi ne tombe pas sur son visage pâle et morne. Il voulait qu'on bavarde ? Il voulait qu'on le tutoie ? Il voulait qu'on s'amuse ? Il aurait tout cela, oh que oui il l'aurait. Il suffisait de lire sur les visages la joie et l'ébahissement général. C'était réellement stupide, et Mary en sourit légèrement. Elle jeta un bref coup d'oeil à son voisin, attendant qu'il ne manifeste. Elle était curieuse de savoir commence il prendrait la plaisanterie. C'était tellement simple de juger les gens, et tellement amusant que tout le monde s'y prêtait. Même Mary. Mais elle était consciente de ne pas le faire de la même manière que les autres. Elle ne faisait jamais rien comme les autres ; elle était tout simplement différente.
Elle s'appelait Solène. Elle aimait les animaux, ainsi que ceux qu'elle considérait comme des amis d'enfance. Elle disait aimer le rock, les fruits, et les lieus vastes et poétiques. Elle parlait avec franchise, quoique un peu surprise encore par ce nouveau jeu. Qui ne l'aurait pas été ? Cette fille-là, Mary ne la connaissait pas, et d'ailleurs, son visage ne lui disait rien...Rien ? Peut-être un peu. Peut-être beaucoup. Peut-être, elle commençait à s'en rappeler, qu'elle l'avait déjà croisée. Non, plus que ça, elle l'avait rencontrée dans une salle de bain luxueuse, lors de sa première détente après une arrivée difficile et agaçante. Et avant même qu'elle n'ouvre la bouche pour dire son nom, Mary l'avait déjà retrouvé dans son esprit ; Solène Crystali. Une simple présence, incertaine, inconnue, auprès d'elle pendant un court instant. Mais cette rencontre l'avait marquée, tellement qu'elle se rappelait nettement des traits de visages de la jeune fille. Non pas que sa mémoire était excellente, mais que cette personne était la deuxième qu'elle avait rencontrée ici, dans ce lieu désagréable et inhospitalier.
Le silence s'installait. Un courant d'air frais traversa la pièce, doucement, sans que personne ne s'en rende compte. A ce doux vent qui soufflait, nul ne tendit l'oreille ; tous occupé à toiser la jeune fille qui venait de prononcer ces quelques paroles assurées et sincères avec une sorte d'honnêteté plutôt touchante, ils étaient encore sous le coup de la rencontre avec leur nouveau professeur d'Alchimie Métallique. Une matière inconnue et une enseignant plus qu'étrange, les voilà charmés. L'être humain était vraiment un être facile à contrôler...

C'était quoi ce prof là? Vayuhq ne le savait pas et espérait ne jamais avoir à l'apprendre. Il était étrange et avait un humour plutôt douteux. Le jeune home se demandait même comment il avait pu se aire engager en tant que prof. Peut-être parce que le directeur voulait rendre les cours moins pénible et plus intéressant. Après tout, c'était lui-même un ancien élève et il ne semblait pas du type sombre proviseur. En tout cas. Ce Ryugi semblait prendre plaisir dans son introduction. Tant mieux pour lui. Il serait le seul à se comprendre, mais tout le monde trouverait ça amusant pareil. D'ailleurs, Solène c'était déjà levé pour se présenter au prof et au reste du... groupe? La classe? Peu importe, le reste du peuple qui était là. Une présentation des plus banale, sans rien de particulier. Nom, maison, choses aimées et détestées. Bref, c'était aussi intéressant que de lire un texte expliquant un truc compliqué et que le prof devant vous ne veux même pas vous l'expliquer et encore moins le démontrer. Même moins intéressant que cela. Et en plus c'était tellement "normal". Elle avait dit:

"J'aime mes amis d'enfance et les animaux; la poésie, le rock, les fruits, la campagne, les grandes étendues sauvages. Je déteste le caramel, la trahison, l'injustice, le mensonge, la mauvaise foi, la salade, être obligée de me dépêcher le matin. "

Quoi de plus banal? Des amis d'enfance, les fruits, la poésie. À croire qu'elle devait mener une vie bien banale. Déjà si elle avait dit quelque chose d'un peu plus extravagant comme "J'aime les patates au chocolat", ç'aurait pu être un peu plus drôle. Mais bon, à croire qu'il ne devrait pas s'attendre à grand chose en originalité avec cette fille. Sinon, les trucs qu'elle n'aimait pas étaient encore plus banals et normaux. Qui dans la moyenne aimait la trahison, l'injustice, le mensonge et tout ce genre de truc?! Ok, lui parfois, mais ça on le disait pas (nous parlons de se dépêcher le matin, bien entendu). C'était un minuscule détail! Enfin bref. Les autres élèves autour ne semblaient pas détester le fait qu'elle commence. Ils enchaîneraient sûrement avec aisance par la suite. Lui? Sûrement pas. Pourquoi se présenterait-il en premier lieu? De toute manière, ce genre de choses n'était pas son fort. Il se voyait mal dire ce qu'il aimait et n'aimait pas. Surtout devant des gens qui devaient se foutre complètement de lui, ou qui ne ferait que le questionner jusqu'à ce qu'il périsse ou se suicide. Et s'il ne disait pas ça, ce ne serait que son nom et sa maison... Chose qu'il disait bien trop depuis quelques temps. Donc non, il ne dirait rien, si ce n'est que quelques petites ironies. Car répondre franchement et comme la normale n'entraînerait absolument rien de bon, ni pour lui, ni pour les autres et cet enseignant.

Le jeune homme jeta un coup d'oeil à sa voisine de bureau. Celle-ci ne semblait pas non plus être prête à se lancer dans une présentation orale. Il ne serait pas seul à garder silence. Malgré que pour elle, cela ne semblait peut-être pas aussi simple. L'hybride voyait une sorte de malice briller dans ses yeux sombres. Peut-être projetait-elle de mener a vie dure au prof, ou simplement de lui en boucher un coin. Peu lui importait, cela apporterait une certaine ambiance au cours, moins morose que celle qu'il connaissait ces derniers jours.

Assise à sa place, jetant parfois des coups d'oeil vers le professeur endormit, Amily sursauta lorsque Solène lui adressa la parole. Ne lui ayant jamais vraiment parlé, la préfète bredouilla quelques mots méconnaissables avant de baisser les yeux sur son bureau, toute rouge. La joie de la timidité. Heureusement pour elle, l'autre fille n'eut pas le temps de lui redemander quoi que se soit, que le professeur se réveilla en sursaut.

Sans s'en rendre vraiment compte, Amily sonda ses sentiments. Il faut dire qu'elle était loin de contrôler ce pouvoir. Elle ressentit donc une grande confiance, mais du même coup, tout plein d'autre émotions un peu mélangé, et elle remarqua tout-de-suite qu'aucun de ceux qui était assis dans cette classe n'aurait la chance de s'ennuyer. Oui, le professeur semblait des plus étranges et cela ce confirma tout-de-suite lorsqu'il ouvrit la bouche.

Ce qui aurait du être un discours banal presque copié-collé des autres professeurs, commença de façon plutôt inimaginable. Alors donc leur professeur était un Pingouin du Sahara... Oui... Effectivement, il semblait avoir un léger problème dans la tête de celui-ci, mais comme il venait d'ajouter, elle devait quand même lui vouer un grand respect. Après tout, il était professeur et il avait du être choisit parce qu'il s'y connaissait un peu... Plus le discours avançait, plus elle se disait qu'elle avait raison. Elle n'aurait jamais cru cela possible. Un professeur qui encourageait les bavardages et les retards sans raisons? Ouch... Ce ne serait pas elle qui ferait donné des points à Primera.

Puis, Ryugi enchaîna en demandant à tous de se présenter, de dire ce qu'ils aimaient ou n'aimaient pas. Joie... Elle se sentit soulagée de voir qu'une seule et unique personne prit la parole. Elle, elle n'aurait jamais été capable de placer deux mots d'affiler. Mais bon, comment le professeur allait-il réagir, puisque trois d'entre eux ne suivait pas les règles? Peut-être allait-il leur donner des points, après tout, le professeur était si étrange...

[Désolé du retard, z'attendais Kitsu... mais comme elle a pas l'air de venir...]

Un silence de mort s'abattit sur la classe après que Solène se soit présentée. Son plan était bien plus avancé que prévu. Le jeune homme avait appris que les autres classes étaient assez bruyantes, et que les professeurs avaient du mal à faire régner l'ordre. Alors, il suffisait de faire le contraire et l'ordonner, pour que les élèves désobéissent. On appelait ça de la psychologie inversée... Et cela marchait rudement bien. Voire même beaucoup trop bien à son gout. Ryugi ne savait même pas comment s'appelaient les élèves de son option. Bon, tant pis, il fallait faire avec. Pendant ce temps, deux barres de cuivre descendèrent du plafond jusqu'au niveau de Ryugi, et celui-ci s'y agrippa. La flemme de rester sur le sol... Ou alors, juste pour le plaisir d'être suspendu. Impossible à savoir... car notre homme agissait comme toujours. Sans réfléchir.

"Bon, et bien, enchanté de vous connaître. Bien que vos présentations soient bien plus courtes que ce que je n'avais prévu. Savez vous vraiment ce qu'est l'alchimie métallique? Savez vous pourquoi vous êtes ici, et ce que l'on va faire? Savez vous que "

Ryugi marqua un temps d'arrêt. Il laissa les élèves réfléchir. Car lui même ne savait pas du tout ce qu'il fallait dire. Un petit instant de réflexion qui ne dura qu'une vingtaine de secondes. Mais très rapidement, Ryugi savait très bien ce qu'il fallait qu'il dise. Toujours suspendu, Ryugi passa en position assise depuis sa position suspendue semi-allongée...

"Est défini comme métal toute particule conduisant l'électricité excepté le graphite. Tout métal peut devenir un très court instant cation et perdre un électron, mais la particule juste à côté lui rend cet électron... Et les métaux sont généralement très durs, très résistants. C'est pourquoi la structure de bien des choses est faite d'un métal. Et c'est là que nous intervenons. L'alchimie métallique comporte la création et le contrôle d'un métal... Car chaque personne possède un métal de résonance. Chaque personne possède un métal qu'il peut maîtriser, et l'objectif de mon cours est de vous aider à trouver ce métal, et à pouvoir le maîtriser..."

Toute personne possède un métal de prédilection. Toute, sauf Ryugi, qui possède cette faculté étrange de pouvoir contrôler tous les métaux sans exceptions. Et deux personnes avec le même métal ont une certaine résonance... Et c'est justement ce que Ryugi comptait utiliser afin de savoir quel métal chaque élève contrôle.

"La voix de chaque personne possède une certaine résonance particulière qui fait que chaque voix est unique. Cette résonance est en rapport direct avec le métal que vous contrôlez. C'est ainsi que, en me concentrant bien... Je pourrai dire quel est le métal que vous pouvez maitriser. C'est pourquoi je peux dire, Solène, que tu as la capacité de maîtriser le Dyprosium. Un métal gris argenté, malléable et mou, que l'on pourrait même couper avec un couteau. Il n'est pas très utilisé et pas très répandu... Mais sa structure fait de ce métal un métal plus facile à contrôler que la moyenne. Bon, et bien, on va faire de la théorie chiante, ennuyeuse et ennuyante jusqu'à ce que j'aie entendu la voix de chaque personne. Alors, présentez vous!"

[HRP: Me voilà Angelooo ♥ ]

Siley était revenu, était devenu directeur et même professeur de combat. Après plusieurs semaines d’invisibilités il était enfin sorti de son bureau et beaucoup le connaissaient comme un guignol plaisantant bien plus avec ses élèves qu’avec ses autres collègues. Et bien sur Kitsune aussi avait été touchée par ce retour. On avait ressortis cette ancienne histoire de fiançailles, certes Siley avait été sa raison de vivre pendant une grande partie de sa vie et ils avaient étés fiancés pendant une dizaine d’années mais bon… pas la peine d’en faire un plat ! Dans cette histoire elle avait perdus quelques amies, gagné bien des curieux et quelques lettres d’amours. Qu’est ce qu’elle en avait mare de les voir se retourner à son passage en pouffant et papotant ! Idiotes qui ne pouvaient qu’observer de loin le directeur alors qu’elle pouvait fréquemment parler avec lui.

Oh la voilà, cette fille bizarre qui était fiancée à Siley ! Ah oui c’est elle ? Elle s’est fait plaquer non ? Ouais pour une autre fille qui a quitté l’école, apparemment il est célibataire maintenant. Je veux bien le consoler moi, huhuhu. Oh mais t’as remarqué ? Elle change souvent de couleur de cheveux et tout, qu’elle prétentieuse, elle se la pète vraiment trop avec son pouvoir d’illusion. Qu’elle reste donc blonde ça lui va bien ! Ooh, mais c’est Kitsu ! Eyh ça te dit des fiançailles ? Kitsuuu, on t’as déjà fait remarqué que tu parlais bizarrement ?

Taisez-vous espèces d’idiots, taisez-vous espèces de jaloux ! Elle les entendait tous, ces élèves qui se croyaient discrets en parlant d’elle, et la plupart étaient ses amis il n’y a pas si longtemps. Ah qui ne connaît pas Kitsune la dévergondée ? Seuls les sourds pouvaient encore ignorer la jeune rousse.

Mais aujourd’hui c’était jour de fête, elle avait cours des métaux avec Ryugi Silver… Dans son esprit il était déjà Ryugi, son cher Ryugi, son nouvel amour et son seul soleil en ces temps de pluie. Son preux chevalier, son prince sauveur, son sourire lumineux, le croiser dans un couloir et la journée paraissait plus heureuse. Deuxième coup de foudre de sa vie, qui lavait en grande partie le premier. Dire qu’elle allait pouvoir l’observer toute une heure sans avoir à trouver de stratagème pour rester près de lui ! Rien que d’y penser elle se sentait sourire, cette journée allait être géniale !

Pas si génial que cela malheureusement… En effet elle s’était réveillée en retard, avait mangé en catastrophe, son essai de coloration magique ratée et il lui avait fallut une demi-heure pour retirer ce dégradé de vert et bleu sur ses cheveux. Ceux qui observaient ses cheveux toujours de couleur différents n’imaginaient pas le temps qu’elle mettait pour avoir un résultat parfait. Elle décida donc de rester rousse aux yeux bleus aujourd’hui, tant pis si elle apparaissait normale face à son amour. Avec rage elle tira de toute ses forces sur la porte, allez ouvres-toi sésame ! Après plusieurs secondes pendant lesquelles elle se battit contre cette maudite porte elle comprit une chose essentielle… il fallait la pousser, cette porte maudite. C’est ainsi, qu’essoufflée et un tantinet décoiffée, la Astra apparut au beau milieu du cours juste à temps pour entendre le professeur leur demander de se présenter. Ce qu’elle fit tout en s’excusant :

« Bonjour, je suis vraiment désolée de mon retard j'avais eu… Enfin j’ai eu de nombreux problèmes avant d’arriver à votre salle et… Enfin je m’appelle Nitsune Konya de Astra comme vous le savez, tout le monde m’appelle Kitsune ou Kitsu, je suis étrangère et c’est pour cela que j’ai un accent. »

Ça, ils l’avaient tous remarqués cet accent à la fois mélodieux et étrange qu’avait la jeune fille si brusquement apparue. Elle regarda un instant les autres élèves et eu soudain une poussée de fierté face à leur regard, elle savait bien qu’ils étaient en train d’essayer de se souvenir où est-ce qu’ils avaient entendus parler d’elle. Alors autant les aider tiens ! C’est pourquoi, avant d’aller à sa place, elle déclara avec son souffle retrouvé :

« Et aussi, comme beaucoup le savent, je suis l’ex-fiancée de notre directeur et professeur de combat : Siley Jilano Montil. Enchantée de vous rencontrer. »

La dernière phrase, plus polie qu’autre chose, s’adressait autant aux élèves qu’au professeur bien qu’elle ait déjà parlé à ce dernier. Enfin, avec un air fier qu’elle ne se connaissait pas, elle alla s’asseoir avec une certaine grâce à une table vide. Qu’un seul ose se moquer de son passé ! Même si elle faisait tout pour paraître gentille, son amour pour Siley était l’une des choses qu’elle ne regretterait jamais… enfin quand même un peu parfois.

Ryugi eut alors un frisson dans le dos, un froid glacial, presque une frayeur maintenant qu'il était concentré. La voix de la nouvelle arrivée lui avait fait cet effet. Ryugi ne l'avait pas remarqué avant. Mais cette petite avait un don qui lui faisait peur. Très peur. Car elle était selon lui, un danger potentiel. Cette élève avait un métal très particulier. Elle contrôlait le métal de prédilection de Ryugi, l'argent. Ce qui posait un problème. Ryugi ne dormirait plus de la nuit désormais. Surtout que deux personnes du même métal avaient généralement une grande attirance l'un envers l'autre... Ryugi se retourna donc vers cette retardataire. Et, une coutume sympathique, Ryugi prit la main de Kitsune et y déposa un baise-main dessus.

"Ravie de te revoir, Kitsune. J'ai le plaisir de t'annoncer que tu peux contrôler l'argent, ce métal si célèbre et si précieux. Installes toi..."

Ryugi était vraiment troublé. Il n'osait pas lui avouer que plus de 50 pourcents de son organisme est fait d'argent, radioactivement instable d'ailleurs. Car si elle avait un bon niveau en contrôle métallique, Kitsune n'aurait aucun mal à faire faire de Ryugi ce qu'elle voulait. Et ce serait une attention de tous les instants, ce serait esprit contre esprit. Donc, un jour de faiblesse... Qui sait ce qui pourrait arriver. Bon ben, le cours continuait, comme on dit, the show must go on... Et lorsque Ryugi lacha la main de son élève, il y avait fait apparaître en douce une petite chainette, faite d'argent pur à 100%, un collier bien replié et bien caché dans la main de Kitsune.

Siley Jilano Montil. Siley Jilano Montil. Siley Jilano Montil.
Comme la première fois, ces mots résonnèrent dans l’esprit de Mary pour s’y répéter éternellement. Gravé dans un silence de mort, ce simple nom lui déchira le cœur et fit bouillonner son sang d’une rage indescriptible. Siley. Le garçon des chutes d’eau, celui qui avait vu le rêve, et l’avait brisé d’une voix douce et sereine. Il avait transpercé son âme, et il avait vu le fond de sa pensée. Il lui avait murmuré des excuses timides et bredouillantes, auxquelles elle avait répliqué d’un ton dur, comme toujours. Mais elle n’avait pas voulu. Elle aurait aimé lui répondre gentiment que ce n’était pas grave. Parce que même s’il avait brisé un rêve, il en avait reformé un, peu à peu, dans le cœur de Mary.
Mais cette fille là venait d’entrer, et sa seule phrase avait détruit un univers, écrouler une montagne d’espoirs stupides. Comment avait-elle put espérer ne serait-ce qu’une seconde que Siley s’intéressait à elle ? Quelle idiote elle faisait. Kitsune était bien son genre de fille. Jolie, ouverte, sympathique. Tout cela lui donnait envie de vomir. Elle n’était pas comme ça, elle était différente. Et c’était à cause de cela qu’elle ne mériterait jamais une place dans le cœur de Siley.
Le poing qui serre, et la colère qui lui noue l’estomac ; la jeune fille se mordit violemment la lèvre pour mettre fin à ce torrent d’illusions qui avait osé naître dans son esprit. Elle n’aurait jamais dû espérer quelque chose de ce rêve-là. C’était une flamme inespérée, un soleil léger dans un cœur couvert de nuages.
Idiote ! Idiote !
Elle se haïssait, et elle haïssait encore plus cette fille, qui était arrivé, avec son ton joyeux et son sourire timide. De simples mots avaient suffit pour réduire en miette tout son univers. Jamais il ne s’intéresserait à elle, en quoi que ce soit. Elle ne ressemblait pas à Kitsune. Elle n’était pas jolie, pas gentille, pas aussi douce. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui, même si c’était mal, même si c’était un péché. La terre où elle vivait sembla s’arrêter de tourner, et elle se retrouvait seule, face au sourire irrésistible de Kitsune. Et Siley, qui devait probablement penser encore à elle, ou à une fille qui lui ressemblerait. Mary aurait voulu mourir, et s’enfouir sous le sol, à jamais, pour cacher ses sentiments contradictoires et ses rêves brisés. Les éclats de ses illusions restaient suspendus dans l’air, comme autant d’étoiles déchues.
Mais, retenant son envie de se lever et de laisser libre cours à sa colère, la jeune fille ne se doutait pas que le pire était à venir. Le professeur semblait prêter une attention particulière à la nouvelle arrivante, et il déposa un baiser sur sa main en annonçant qu’elle contrôlait l’argent, ce « merveilleux métal ». Dégoûtée, enragée, Mary se leva brutalement de sa chaise, qui produisit un bruit terriblement désagréable contre le sol carrelé. La petite brune sentit les larmes qui lui montaient aux yeux, mais elle réussit à se contenir, et à réprimer son envie de sangloter bruyamment, comme une gamine à qui on a caché la vérité pendant longtemps et qui découvre que tout n’est que mensonge, et que le ciel n’est pas toujours d’un bleu pur et beau. Les regards se tournaient vers elle, mais peu lui importait. Cette fille était parfaite, contrairement à elle, et une jalousie furieuse s’empara alors d’elle. C’était la première fois qu’elle ressentait ce sentiment-là, et s’en voulu terriblement de se rabaisser à jalouser quelqu’un. Mais elle n’en pouvait plus. Il lui avait menti, sans lui avoir rien dit, il lui avait laissé croire des choses, et maintenant, elle apprenait qu’il avait été fiancé avec la plus adorable des jeunes étudiantes de Mélusina !
Serrant les dents, Mary reprit peu à peu son calme, et se rendit compte à quel point la situation était ridicule. Un peu gênée, elle se rassit, et lança un regard meurtrier à Kitsune.

– Excusez-moi…lâcha-t-elle à l’attention du professeur.

Elle s’affala sur sa chaise, les cheveux cachant l’expression de désespoir qu’arborait son visage. Elle avait une terrible envie de pleurer, comme jamais auparavant. Mais elle ne devait pas céder, elle devait être forte. Elle se demanda comment elle avait fait pour résister à des émotions aussi cruelles pendant tellement d’années, et le visage de Siley lui souriant revint de force dans son esprit. Elle se rappelait chaque détail de sa voix, de ses yeux, de ses manières. Il était tellement doux et gentil, qu’elle se détesta d’autant plus de faire attention à lui. Il n’était pas fait pour aimer des gens comme elle, et elle n’aurait jamais du lui montrer autant d’intérêt. Finalement, c’était elle qui en souffrait le plus. Elle ne voulait pas relever la tête, car si elle l’avait fait, elle aurait probablement versé toutes les larmes qu’elle retenait depuis des années. Et elle ne voulait surtout pas que ça arrive. Pas comme ça…Pas pour lui…
Si seulement elle avait pu contrôler ses sentiments, juste pour cette fois, elle serait pas comme une idiote dans la même pièce que la belle Kitsune, et n’aurait pas honte de se montrer. Mais elle n’avait pas réussi à se retenir. Et elle maudissait son cœur de ne battre que pour lui.

"Ce n'est... Pas grave..."

Voila, les problèmes s'accumulaient peu à peu dans sa petite classe. Déja une personne toute mignonne qui contrôlait le métal, puis une autre qui semblait éffondrée et dont Ryugi n'avait pas perçu la bonne tonalité de la voix. Deux mots. Peut être que cela ne suffisait pas? Non, impossible, même si l'on ne prononçait qu'un seul mot aussi court qu'il soit, Ryugi pourrait dire quelle résonnance cette voix possédait. Or là, rien. Ce n'était pas une voix spéciale, pas une voix extra-terrestre. Non, c'était une voix tout ce qu'il y a de plus normal, mais Ryugi n'arrivait pas à trouver la teinte de résonnance correspondante. Ca ressemble à une voix molybdénique, mais ce n'était pas ça. Ca résonnait aussi comme une voix Ruthénique, mais c'était trop faible.. Entre les deux alors... Non. Impossible. Ces deux métaux n'étaient pas voisins, il y en avait un au milieu... C'est vrai que Ryugi n'avait jamais employé le Tc, le technétium. Ce métal là est le seul qui soit de taille normale et pourtant naturellement radioactif... Ce qui n'était franchement pas bon, mais alors pas du tout. Si Kitsune était un danger pour lui, cette jeune élève était elle par contre un danger pour toute l'école... Non, il fallait qu'il essaie quand même, pour être sur que ses craintes soient fondées. Ryugi porta sa main à sa gorge et tenta d'adapter sa voix au technétium. Puis il se mit au niveau de Mary en lui écartant les cheveux de son visage, afin qu'il puisse voir dans ses yeux.

"Bien sur que si que c'est grave. Quel sorte de professeur serais-je si je ne m'inquiète pas du bien être de ses élèves? S'il y a une chose que je puisse faire pour toi, dis le moi. Je serais ravi de t'aider à reprendre le sourire."

Et c'est avec ces mots là que Ryugi par contre, eut ses peurs révélées. La raison était simple, il avait exactement la même voix que Mary suite à ce petit bidouillage. Quiconque ne voyait pas la scène croirait que c'est Mary qui venat de parler. Nul doute maintenant, elle pouvait côntrôler le Technétium. Ryugi en était sur à plus de 99.9%. Il ne pouvait se tromper. Le jeune professeur se releva et toussa en mettant sa main devant sa bouche. Main qui brillait d'une lueur verte ensuite, mais Ryugi essuya vite cela avec un mouchoir dans sa poche. Il ne savait que faire face à ce danger, mais il était un professeur, il se devait d'enseigner au péril de sa vie. Il fallait qu'il avoue à cette élève qu'elle pourrait être un danger dans cette classe, mais qu'il l'accepte quand même. Ryugi avait repris sa voix normale, douce et calme, sereine, comme d'habitude.

"Je ne connais pas encore ton nom mais tu es une élève très particulière. Ton métal de prédilection est le Technétium, un métal souvent utilisé pour les imageries, car il est assez radioactif. En gros, si tu parviens à créer un bloc de technétium, en six heures il aura disparu de moitié et aura irradié tous ceux présents dans cette salle sans protection particulière..."

Plus les mots s'enchaînaient, plus Amily était perdu. Le professeur l’étourdissait en enchaînant sujet sur sujet, sans laisser le temps à la classe de placer un mot. Le cours promettait d’être bien remplit, chose certaine. Il y eut bien quelques choses qu’elle comprit cependant, c’est que le professeur pouvait leur dire quelle métal chacun contrôlait en entendant leur voix. Pourquoi avait-il fallu que se soit leur voix? Pourquoi pas la couleur de leurs yeux ou alors la longueur de l’ongle de leur pouce? Elle soupira. Elle n’aurait pas le choix.

Alors qu’elle rassemblait un peu son courage, une nouvelle venue fit son entrée dans la classe, jeune fille qu’elle avait vu quelques fois en cours. Pourtant, cela devait bien faire des mois qu’elle ne l’avait pas croiser à Mélusina. Kitsune. Elle n’avait jamais parlé à cette jeune fille, mais elle se rendit bien contre qu’elle n’avait pas changé, car revenait encore le même mot dans son monologue : Siley. Ça devenait de plus en plus n’importe quoi à chaque fois. Le prof lui dit qu’elle contrôlait l’argent, métaux aussi connue que la Férovienne croyait l’être sûrement. La préfète se mit à se demander qu’elle était le métal qu’elle contrôlait, elle était vraiment très curieuse de le savoir, mais à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, ses cordes vocales se nouaient et sa gène maladive l’empêchaient de parler.

Badang! Mily leva les yeux en sursautant sous le son du fracas. Que s’était-il passé? Elle découvrit Mary debout, fâchée, très en colère. Puis soudain, son pouvoir secondaire se déclencha, sans qu’elle l’est appelée. Elle fut envahit de colère, de jalousie, de peur, de désespoir, d’amour, de questionnement… Trop de sentiments pour la jeune fille qui se mit à trembler. Elle détestait son pouvoir, elle le détestait. Elle était incapable de le faire taire, d’en réduire la fréquence, elle n’avait aucun contrôle sur son empathie. Tous ces sentiments pouvaient facilement la poussée à la folie, c’était trop de choses en même temps, elle ne s’y retrouvait plus.

« Je… Pro-professeur…», dit-elle de sa voix timide presque inaudible.

Puis soudain toutes les expressions qu’on pouvaient voir dans ses yeux plus bleus que le ciel s’éteignirent, ne laissant place qu’à la peur que la Primera avait eu en cet instant et sa timidité maladive. Soulagement totale.

« Euh… Je... P-Pourriez-vous me dire quel…métal je contrôle s’il vous plaît…? », continua-t-elle.

Le professeur devait sûrement avoir perçue sa demande comme un murmure de sa place. Sa petite voix mélangée à sa timidité, ça ne donnait presque rien! Mily entendit, le cœur encore battant, espérant ne pas avoir à reparler une autre fois. Elle fixait le bout de parchemin posé sur son bureau, sans oser levé les yeux.

Alors il insistait pour qu'ils se présentent? À quoi était-ce sensé servir s'il pouvait définitivement s'attendre à ce que personne n'ouvre la bouche? Peut-être parce que c'était ce que cela prenait pour que le cours avance. L'enseignant pouvait encore attendre pour qu'il ouvre la bouche et se présente. Et d'après le silence imminent qui prit place après qu'il les eut sommé de continuer les présentations, personne d'autres n'avaient envie de le faire à sa place. Bref, on dirait qu'ils allaient en rester là. Mais le destin eut le bonne volonté, ou la mauvaise dépendament de comment vous le prenez, que d'étranges bruits à la porte fit tourner la tête du jeune homme. Enfin elle s'ouvrit, révélant une jeune fille essoufflée qui s'empressa de s'excuser de son retard, tout en se présentant. Elle devait avoir entendu la consigne du professeur lors de son entrée. Nitsune Konya, une Astra, aussi communément appelée Kitsune. Rouquine dont le nom lui disait peu, même s'il se disait qu'il devait l'avoir entendu dans les couloirs un bon jour, sans y prêter attention. La suite fut pour ceux qui se demandait franchement qui elle était, ou où est-ce qu'il l'avait déjà vu. L'ex fiancée à Siley hein? Bof... il trouvait cela à moitié sérieux. Elle avait le même âge que lui, pas davantage. Et d'après l'hybride, les trucs du genre "fiançailles et mariage" n'étaient pas sérieux à ce stade de vie. Mais peut-être avait-il tort.

Le professeur ne semblait pas indifférent à la retardataire. D'ailleurs, il lui baisa poliment la main avant de lui annoncer qu'elle contrôlait l'argent. "Métal célèbre et précieux" qu'il disait. Vayuhq aimait bien l'argent. C'était un métal précieux, mais pas aussi prétentieux que l'or. Enfin bon cela l'étonnerait qu'il contrôle un tel élément. Il finirait sûrement avec quelque chose comme le cuivre ou le zinc. Un truc banal quoi.

La suite fut un peu surprenante. La jeune fille assise à côté de lui se leva brusquement, avec un air plutôt tendu. Comment il le devinait? Mis à part ses poings fermés, il n'y avait pas grand chose qui pouvait définir le fait que sa voisine de bureau était frustrée. Il le savait, c'est tout. Pourquoi? Cela restait à déterminer, mais Vayuhq prenait un guess sur Kitsune. La raison était tout aussi mystérieuse. La brunette se rassit aussi brusquement qu'elle s'était levé, s'excusant auprès de l'enseignant. Elle semblait désemparée, comme si quelque chose venait de la frapper de plein fouet. Ses longs cheveux ne laissaient pourtant pas le loisir au reste du groupe d'admirer son expression faciale. Peut-être Vayuhq aurait été tenté de la consoler, s'il avait été plus proche d'elle ou s'il connaissait la cause de ce qui atterrait. Mais d'après la façon dont elle avait agit, il se disait que cette fille était très fière et n'accepterait pas une petite tape sur l'épaule en geste de compassion. Donc il s'abstint de tout commentaire.

Et le professeur intervint, essayant de rassurer la pauvre qui se situait aux côtés de l'hybride. Lui ne disait rien. Seuls ses yeux bougeaient. Après un petit monologue, il annonça qu'elle contrôlait le technétium, un élément radioactif. Son explication de la matière était très... rassurante. Rien de mieux pour remonter le moral de cette fille. Surtout si elle avait des envies meurtrières.

Dernière chose qui arriva fut la plus normale des dernières minutes. Amily bredouilla quelques mots à l'adresse du professeur, lui demandant s'il pouvait lui révéler son métal. Vayuhq espérait que celui-ci ne serait pas dangereux, car sinon la préfète de Primera en aurait une peur bleue.

Quant à lui, devait-il parler? Peut-être, car il serait le seul à n'avoir rien dit. Mais qu'est-ce qu'il fallait qu'il dise au juste? Car il n'y avait pas place à la parole en ce moment, et le fait qu'il se présente était hors de question.

Avec une qui pouvait contrôler l'argent, une effondrée radioactivement instable, une demoiselle complètement apeurée et un homme muet, la classe était vraiment étrange. Heureusement que Solène était là. Ryugi poussa un soupir. Il aurait vraiment beaucoup de mal. Peut être aurait-il du gagner leur confiance d'abord? Non. Pas question. Car on ne peut faire autrement que de commencer par décrire le métal... Mais résultat, Ryugi n'avait pas beaucoup de noms... C'était vraiment pas un bon début. Ryugi se disait qu'il était novice... Bon, calme. Fermant les yeux une demi-seconde, Ryugi oublia tous les soucis qui le tracassaient et se concentra sur les deux personnes restantes. Il put à peine entendre cette élève l'appeler, c'est pourquoi il approcha un peu plus pour entendre sa voix. Tiens, une voix assez commune, une voix qui résonnait joliment malgré la timidité qui entachait un peu.

"Jeune demoiselle... Il faudra donc que je vous appelle tous Jeune demoiselle ou jeune homme, si vous vous obstinez à ne pas me révéler votre nom et ça ne va pas du tout être facile pour moi de vous noter, de vous discerner, si je ne sais pas comment vous vous appelez! Et bien, très chère, il apparait que tu controles l'étain, métal assez répandu et utilisé dans un alliage célèbre, le bronze, fait de cuivre et d'étain. Mais il ne faut pas avoir peur! Personne ici ne va te manger... Tu as pourtant de jolis yeux, ne les caches pas!"

Puis Ryugi se tourna vers le seul qui n'avait pas encore élevé la voix. Certes, les muets découvrent parfois seuls par accident leur métal de prédilection mais il faut provoquer cet accident et cela'était par définition quasi-impossible. Donc il fallait qu'il parle. Bon, et bien, s'il refusait de se présenter, Ryugi allait devoir employer la manière forte. Ce n'était vraiment pas ce qu'il fallait faire mais ça irait surement bien plus vite. D'un simple mouvement, Ryugi avait dégainé une de ses épées qui s'était retrouvée à quelques millimètres de la gorge de l'homme muet. Ryugi par contre arborait toujours ce sourire calme et étrange, sans aucune notion de danger, presque s'amusant.

"Tu sais, si tu ne te présentes pas, jeune homme, je peux t'enlever bien plus de choses que de simples points..."

Rien d'inquiétant pourtant dans cette voix douce et calme, la voix d'une personne incapable de faire du mal à une mouche. L'ennui, c'était que cet élève n'était pas une mouche. Bien sur, il n'avait aucune envie de blesser cet élève, cette éventualité ne lui était même pas venue à l'esprit. Mais il espérait le faire réagir, d'une manière ou d'une autre, avec de la peur, de l'indignation, de la rébellion, tous les sentiments étaient bon pour faire parler. Comme on dit, la fin justifiait les moyens, mais il n'était pas vraiment obligé de passer par là... Espérant entendre tout et n'importe quoi, comment il s'appelle ou juste un "Vous croyez que vous me faites peur" ou toute autre phrase.

Vayuhq soupira presque lorsqu'il entendit le nom du métal que contrôlait Amily. Tant mieux si c'était quelque chose de commun, pas dangereux. Ça allait parfaitement à la personnalité de la préfète, qui était timide et ne ferait pas de mal à une mouche. Enfin, cela ne concordait pas, mais bon, il préférait voir la Primera se faire attribuer un élément banal plutôt que quelque chose de dangereux.

Le professeur lui parla un peu, après s'être approché pour mieux l'entendre. Puis, ce fut comme si l'hybride avait manqué quelques milli-secondes, comme si pendant un temps il n'avait pas porté attention. L'enseignant était tourné vers lui, et le jeune homme avait désormais la pointe d'un épée sous le menton.

"Tu sais, si tu ne te présentes pas, jeune homme, je peux t'enlever bien plus de choses que de simples points..."

Donc il insistait toujours pour qu'il se présente? Il devait espérer qu'il réponde. Vayuhq ne lui offrirait pas ce plaisir. Il n'avait point peur de la lame, et il était inutile de parler, ç'aurait été donner satisfaction. L'hybride se contenta de sourire à Ryugi. Il pouvait essayer de le blesser s'il le souhaitait, même s'il doutait qu'il s'exécute, mais il serait capable de contrer ou d'éviter. Oui il avait décidé de faire sa forte tête aujourd'hui. Pourquoi? Peut-être pour ne pas donner satisfaction au professeur, ou par envie personnelle.

Invité

Valentine se promenait tranquillement dans le château. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit d'aller dehors trop tôt le matin. Son obéissance était exceptionnelle car, aujourd'hui, rien n'attirait Valentine à l'extérieur. Elle ruminait ses ennuis tout en marchant. Ses longs cheveux blonds frappaient ses épaules alors qu'elle marchait. Agacée, la Primera s'arrêta un court instant pour se faire une rapide queue-de-cheval, et reprit sa marche monotone. Aujourd'hui, la jeune fille ne s'était pas foulée dans son style vestimentaire : elle portait un jean, un tee-shirt uniformément noir et des baskets blanches. Une breloque, accrochée à une chaîne, se balançait doucement dans le cou de Valentine. C'était son seul bijou : elle ne portait ni maquillage ni parfum.

Le soleil entrait par les fenêtres de la salle commune des Primera. Confortablement installée sur un fauteuil, la jeune fille se réchauffait devant le feu crépitant et joyeux. Malgré le beau temps, un froid régnait dans le château. La jeune fille ne tenait pas en place et s'agitait légèrement. Le sofa ne lui convenait pas.

Se levant fébrilement, Valentine repartit dans sa course. Une impression de hâte la frappait. La jeune fille décida de voir dans le Hall les nouvelles. Peut-être aurait-elle des surprises ? La Primera dirigea sa marche vers la pièce centrale. Elle alla néanmoins vers les fenêtres qui diffusaient la lumière réconfortante du soleil. De cette pièce, on pouvait voir toutes les parties du domaine de Mélusina. La galerie marchande seule manquait du paysage. Un peu calmée, la Primera se dirigea vers le panneau d'affichage. Mais, voyant tous les mots qui s'accumulaient sur le panneau en bois, elle préféra sortir.

Poussant les lourds battants de bois lisses, la jeune fille pénétra dans la rue marchande. Sa boutique préférée était l'animalerie. Valentine s'en approcha rapidement, et regarda joyeusement les chiots batifoler entre frères et soeurs, les chatons s'abreuvant en compagnie de leurs maman... La jeune Primera faillit entrer dans la boutique, tellement les animaux étaient attendrissants. Elle reporta pourtant son regard sur les reptiles, à l'arrière de la boutique, faisant crisser leurs anneaux sur les branches ou sur le sol de leur aquarium ( comment dit-on pour les reptiles ? )

Valentine adorait encore plus les serpents. Elle avait un goût très bizarre, du côté des animaux. Elle aimait évidemment les chats, chiens, chevaux et dauphins, mais elle se sentait plus d'affinités avec un serpent, une mygale, des araignées ou des fourmis rouges, des scorpions... Peut-être n'était-ce qu'un simple esprit de contradiction qui lui faisait aimer ces créatures étranges et glauques.

La jeune fille passa à la boutique suivante. C'était un magasin qui n'attirait pas Valentine. Des dizaines de rang de potion s'étalaient sur des étalages poussiéreux. Des grimoires ressemblant à des encyclopédies reposaient sagement sur des pupitres. Tournant la tête, elle avança. Cette fois-ci, elle vit une boutique qu'elle affectionnait également beaucoup. " Objet magique " Sa soeur lui en contait souvent monts et merveilles, autrefois. Serrant les dents, elle porta son regard au loin. Les deux dernières boutiques étaient l'épicerie et le café.

Les mains dans les poches, Valentine s'approcha à petits pas serrés, de l'épicerie. La vitrine montrait des chocolats, des bonbons aux couleurs rieuses ou mornes, des farces et attrapes... Elle regarda néanmoins la silhouette qui se mouvait rapidement à l'intérieur. Cette personne avait des cheveux blonds, et la tête baissée... Remplie d'un fol espoir, Valentine poussa la porte de l'épicerie. La vendeuse releva la tête, étonnée, et lui adressa un sourire poli. Elle n'appréciait visiblement pas que la Primera la dérange.

Rageusement, Valentine sortit de la boutique et courut jusqu'au château. Furieuse contre elle-même, la jeune fille s'assit sur une marche du grand escalier qui cotoyait le hall. La tête dans ses mains, elle faillit pleurer d'amertume. Comment avait-elle pu penser que Morwen s'occupait encore de la boutique ? L'adolescente se dirigea vers le tableau d'affichage, et vit soudainement une annonce de cours. Il était prévu vers l'heure du déjeuner, c'est à dire...
* Maintenant ! * songea Valentine. Désemparée, elle se rendit compte qu'elle ne connaissait absolument pas le château. Un aboiement bref lui fit tourner la tête. Un chien-loup, semblable à celui qu'elle avait aperçue le jour de son arrivée, la regardait noblement. Elle fit un pas vers lui, puis lui courut après. Le chien s'arrêtait quand elle faisait semblant de renoncer. La course-poursuite reprenait. Soudain, le chien disparut. Une porte affichait un panneau " cours d'alchimie métallique ". Remerciant silencieusement ce mystérieux chien-loup, elle poussa la porte.

Les premières choses qu'elle vit dans la pièce furent les deux piliers et le hamac, puis enfin les élèves et le professeur. Essoufflée, la jeune fille prit la parole.
Excusez-moi d'être en retard. Je suis nouvelle içi, je m'appelle Valentine Aïla. dit-elle par saccades.

» Cours, Milane. Cours.